Polar, roman policier se deroulant dans les années 20, les années folles

Les Enquêtes de Simon

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Ouvert à Paris en 1878 par Madame Kelly, il est devenu le bordel le plus célèbre de la capitale et certains se plaisaient à dire que l’on y pratiquait l’amour international. Maison close au luxe opulent, elle abrite 35 pensionnaires toutes sélectionnées pour leur physique mais aussi pour leurs bonnes manières et leurs capacités. Fréquenté par les plus grands politiques mais aussi par les artistes et les têtes couronnées, c’est un haut lieu de la galanterie ou l’on peut vivre, désirer, parader et s’adonner à des pratiques sexuelles dont les accessoires feraient pâlir les femmes de la haute société et les bigotes. On y boit du champagne à volonté et parfois on s’y baigne dedans. Edouard VII (surnomé Dirty Bertie par ces dames) y avait une chambre où ses armoiries trônaient au dessus d’un fauteuil savamment construit par Sourbier, adapté à sa corpulence mais surtout conçu pour faciliter certaines de ses excentricités ou perversions royales et se faire dorloter par plusieurs courtisanes à la fois. Une baignoire en cuivre rouge dont la figure de proue était une sphinge était remplie de champagne afin que le Prince puisse barboter dans les bulles d’un déjà célèbre Mumm et lui permettre de continuer ses ébats dans le luxe.
Non loin de l’avenue de l’Opéra surnommée le clitoris de Paris, c’est le Chabanais, à la clientèle exigeante que les grands de ce monde venaient régulièrement visiter et qui, pour qu’on ne les démasque pas, inscrivaient sur leur programme officiel « Visite au Président du Sénat. ». Un des membres du protocole ne comprenant pas l’allusion nota cette visite sur l’agenda de la reine d’Espagne et l’on dû, pour éviter le scandale et en urgence, déranger le Président du Sénat qui reçut sa Majesté sans en avoir jamais eu la prétention. Quant à ceux dont la visite était intentionnelle, un bel Africain étincelant dans sa tenue mauresque leur ouvrait la porte volontairement discrète du bordel et les laissait pénétrer au pays des merveilles. On les accompagnait dans le salon Pompéi où des fresques érotiques représentant des Centaures puissants, peintes par Toulouse-Lautrec, chatouillaient l’esprit des visiteurs pendant que des femmes à moitié nues se penchaient sur de nombreux miroirs impudiques. Contre cent francs (500 euros d’aujourd’hui) on choisissait d’abord sa chambre, vénitienne, hindoue, Louis XV ou celle d’un pirate et l’on pouvait ensuite donner libre cours à toutes ses fantaisies. Pierre Louÿs, Maupassant, Anatole France, Marlène Dietrich, firent des apparitions dans ce lieu magique dont le luxe et les décors coûtèrent un million sept cent mille francs de l’époque, soit 8,7 millions d’euros. Lors de l’Exposition Universelle de 1900, on donna un prix au Chabanais pour l’aménagement de sa chambre japonaise tout cela pour finalement lui faire fermer ses portes en 1946 à cause de la loi Marthe Richard, une des anciennes pensionnaires de la maison close. Mis à part son entrée et sa montée d’escalier, il ne reste plus rien du Chabanais. Le décor a été démonté, Salvador Dali a acheté la baignoire, le fauteuil d’Edouard VII a traversé nos frontières et les Centaures de Toulouse-Lautrec ont disparu. Demeurent encore quelques photos rares et abîmées mais témoins que tout cela a bien existé, il n’y a pas si longtemps. Alors qu’ils auraient dû préserver cette mémoire, même si elle est controversée, certains, probablement enfermés dans la honte et la pudibonderie se sont chargés de tout détruire, où tout simplement d’ignorer que le Chabanais et ses nuits folles, faisaient partie de l’histoire de Paris.
Á retrouver dans Les Cocottes, tome 2 des Enquêtes de Simon.

 

 

Le fauteil des volupté d'Edouard VII Salon Pompéi Chambre des Indes
Le fauteuil des voluptés d'Edouard VII Le salon Pompéi La chambre des Indes
Entrée du Chabanais Baignoire d'Edouard VII Une des salles de bain du Chabanais
L'entrée du Chabanais La baignoire d'Edouard VII Une des salle de bains du Chabanais